Compostelle : cheminer à la rencontre de l’autre

By Philosophine | Uncategorized

compostelle la rencontre de l'autre

Je n'imaginais pas qu'en commençant le chemin durant l'été 2021, j'en deviendrais accro... Si j'ai un conseil à te donner, c'est de ne jamais le commencer ! Sinon, il va devenir une obsession et tu ne te sentiras plus jamais bien ailleurs que sur le chemin... Bon ok, j'exagère un peu... quoique... 🤔 

Bref, je suis heureuse de te partager l'épisode 3 de notre cheminement vers Saint-Jacques-de-Compostelle ! 

Spoiler alert ! Cet article contient de nombreuses photos. Si tu prévois de faire le chemin et que tu n'as pas envie de tout découvrir en avant première, je te déconseille de poursuivre la lecture.

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Sinon, je t'invite à lire mes précédents articles, si ce n'est pas déjà fait : 

J'espère que tu as du temps devant toi car cet article va être long ! (comme les précédents d'ailleurs) et il y aura toujours autant d'églises et de chapelles. 

Prêt pour embarquer avec moi ? Alors... allons-y ! 😎

L'objectif de ce chemin 

J'aime donner un thème à mon chemin, partir en ayant un objectif... tout en sachant parfaitement que la vie réserve de nombreuses surprises et que l'une d'entre elle me fera peut-être changer de point de mire !

En attendant, j'ai besoin d'un but pour démarrer, une direction à suivre autre que les balises du GR. Certains pèlerins cheminent pour une cause, un être cher, trouver la réponse à une question... et d'autres errent sans attente ni but précis.

Lors de mon premier chemin en pleine période de restrictions sanitaires, mon objectif était de retrouver un sentiment de liberté. J'avais suivi Sylvie de Radio Camino et la sentir si libre alors que je me sentais comme prisonnière de ce nouveau quotidien si liberticide, m'avait donné envie de tenter l'expérience du chemin. 

Le maître-mot était donc liberté. Mais c'était aussi la découverte de partir à l'aventure, sans savoir où j'allais dormir le soir... un sacré challenge pour moi ! 

L'année suivante, nous avons mis la barre un peu plus haute : oser le bivouac. Je voulais expérimenter une forme plus poussée de la liberté. Et ça ne pouvait que passer par le bivouac. Pari hautement réussi puisque dès le premier soir, nous avons planté la tente en lisière de forêt... 😝

Pour le troisième chemin, mon objectif est d'aller à la rencontre de l'autre. Étant en plein défi des 100 jours (à l'ancienne, coucou les amis du défi ! 👋🏻) sur le vaste thème de la socialisation, je vois ce chemin comme une opportunité en or pour tendre vers mes objectifs personnels, à savoir aller au contact des autres sans peur d'être rejetée.

Alors, pari réussi ? Tu le sauras en lisant cet article ! 😁

Un départ sans préparation

Le départ s'est décidé rapidement et les préparatifs faits en express. Pas de peurs, pas vraiment d'appréhension, nous savions à quoi nous attendre.

J'ai amélioré mon matériel cette année. Tout d'abord, j'ai changé de sac ! Mon Osprey de 30L était trop petit pour cheminer en autonomie. J'ai opté pour un Deuter 35+10L (le même que ma mère) et il est très bien, tant au niveau du confort que de la capacité.

J'ai investi dans un matelas gonflable car le tapis de sol, ce n'était plus possible... J'ai gagné en confort et mes nuits ont été bien plus réparatrices. Et Dieu sait que le sommeil, c'est important !

Pour le reste, j'ai fait comme les années précédentes. J'ai repris mes sandales, mes vieux vêtements (ah si j'ai quand même racheté un short léger qui ne prend pas de place !), mes gamelles... cela dit, j'ai encore deux ou trois choses à optimiser ! 

À gauche, le sac de ma mère qui avait visiblement prévu d'emmener Lauviah mais bon, 3 kilos en plus, mine de rien c'est beaucoup. Heureusement, elle s'est ravisée au dernier moment. 🙄

À droite, le mien... oui j'ai emporté un gros bouquin que je n'ai même pas eu le temps de lire d'ailleurs ! 😣

Une fois le sac bouclé et la clé tournée dans la porte, nous quittons nos appartements en mode pèlerine jusqu'à la gare en direction de Paris !

Mon sac fait pas loin de 14kg. Je sais, c'est beaucoup pour un poids plume comme le mien mais j'ai dû emporter, une fois de plus, des réserves alimentaires.

Je suis en pleine période d'allergies saisonnières que j'arrive à "contrôler" avec une certaine hygiène de vie. Trop d'écarts alimentaires pourraient anéantir mes résultats et ce n'est pas le moment de faire une conjonctivite !  

Pour "fêter" le départ, ma mère a souhaité trôner fièrement auprès de Raymond Poincaré, ne me demandez pas pourquoi !

Je vous rassure, le chat n'est pas dans le sachet vert... 

Ecrasée contre la vitre dans le train, ma coquille m'implore de la sortir de là... Pauvre coquille !   

Nous arrivons à Paris et avons 2h de correspondance, ce qui nous laisse largement le temps de rejoindre la gare d'Austerlitz... à pied. 

Nous n'avons pas envie de prendre le métro et préférons crapahuter dans la capitale, histoire de se réapproprier nos sacs et notre "costume" de pèlerine !

Bon... avec du recul, ce n'était l'idée du siècle ! Parcourir nos 6 premiers kms au coeur de la circulation parisienne et au son de la sirène des pompiers, il y a mieux pour se mettre en jambe ! 

Nous passons devant une terrasse, un homme nous lance un "Buen camino !". Oh comme cette petite attention fait du bien ! Ces 3 mots ont réveillé l'esprit pèlerin qui sommeillait en moi depuis le dernier chemin. Ça y est, je suis officiellement redevenue pèlerine puisque même à Paris, on me reconnait en tant que telle. 😎

En réalité, c'est la coquille qui fait tout. Je me fais cette réflexion : qu'est-ce qui différencie le pèlerin d'un SDF ? La coquille. 

Bon ok, on a pas l'air de SDF. C'est le début du chemin, nous sommes toutes propres et pimpantes mais d'ici 15 jours ça serait autre chose... et pourtant, même mal fringuées, sales et puantes, les gens continueront de nous venir à nous, nous parler, vouloir connaitre notre histoire, prêts à nous accueillir chez eux si besoin... 

Le SDF, on le fuit lui. On s'en détourne, il fait peur. Et pourtant il a son histoire lui aussi... 

Oui, c'est la coquille fait toute la différence... 🤔

Nous arrivons à Cahors, il fait chaud. Je ne m'attendais pas à cette lourdeur... Et pourtant je devrais le savoir, à chaque fois que je quitte la Meuse pour me rendre dans le Sud, j'ai un choc thermique ! 🤣

Pour ne pas se lancer directement dans l'aventure (nous avons besoin d'une transition, d'un sas de décompression), j'ai loué un gite tout confort dans une petite ruelle du vieux Cahors. 

Ce gite a un petit truc en plus fort sympathique... La télé ? Nonnnnn ! Le bureau ? Non plus ! Les plantes aromatiques sur la fenêtre qui vont agrémenter mon dîner qui s'annonçait quelque peu fade ! D'autant que cette année, je n'ai pas voulu m’embarrasser avec de l'huile d'olive et des herbes de Provence. 😇

Ce soir il pleut des cordes. Nous n'irons pas visiter Cahors. Et puis nous avons besoin de dormir, recharger les batteries pour affronter ce qui nous attend demain. 

Jour 1 : après le pont, la transformation...

C'est le grand jour et le soleil est avec nous ! Nous nous apprêtons à reprendre le chemin, quel bonheur ! Direction le Pont Valentré. Mes jambes m'y conduisent facilement, se souvenant du chemin de l'année passée.

Avant d'emprunter la montée "rouge", visiblement la plus difficile du parcours selon le miam-miam dodo, je tombe sur ce premier panneau indicatif avec ces petits mots doux que j'affectionne tant sur le chemin.

"Transformation obligatoire après le passage du pont !" Alalala j'adoooore !" Ça promet. Mais que nous réserve ce chemin ?!! "Je t'aime Vie". Ça commence fort ! Ce petit message résonne fort en moi et je pressens que ça va dépoter ! 😎

Nous arrivons à la Croix Magne qui offre un beau panorama de la ville de Cahors. La grimpette fut forte mais de courte durée. Si c'est réellement la plus dure de cette portion du chemin, alors nous n'avons pas à nous en faire pour la suite ! 

Oooh mais que vois-je qui gît dans le fossé ? Un éléphant ! Je le prends doucement entre mes mains, il semble encore vivant... et même en pleine forme ! J'hésite à la prendre avec moi... il pourrait devenir la nouvelle mascotte du chemin. 🤔

Puissant et imposant, il ferait un bon garde du corps. Et puis il parait que les éléphants sont porteurs de bonheur et de chance. Avec sa trompe, il peut aspirer jusqu'à 10 litres d'eau à la fois, ça nous ferait une réserve supplémentaire en cas de besoin ! 😎

Et puis, tout à coup je me souviens qu'un éléphant, ça pèse énormément... 

Je le pose sur un poteau indicatif pour qu'il montre le chemin. Et on dirait que sa nouvelle mission le comble de joie. 

Nous croisons quelques pèlerins mais restons timides. Un petit bonjour de loin, ça suffit pour le moment, le temps de se remettre dans le bain...

Première halte sur une table de pique-nique. J'ai faim et je ne vais pas me priver de manger... il faut bien alléger le sac ! 😅 J'avais bien pensé à jeûner, ça aurait régler le problème des allergies et diminuer le poids du sac mais ce n'est pas guère possible. Je n'ai pas la condition physique adaptée. 

Clémence et Allan se greffent à notre table. Olala... il va falloir se socialiser. Mon amygdale cérébrale s'emballe !

L'amydale cérébrale, c'est cette petite glande dans le cerveau qui s'agite lorsqu'elle perçoit un danger (qu'il soit réel ou imaginaire). La mienne est encore un peu trop sensible à mon goût, malgré tout le temps passé à la rassurer...

Clémence et Allan se sont rencontrés sur le chemin et font un petit bout ensemble. Ils ont déjà de nombreux jours de marche à leur actif et ça se voit à leurs ampoules aux pieds. 

Première église sur notre chemin, celle de Labastide-Marnhac. Sobre mais agréable et ressourçante. Un peu de fraicheur aussi, ça fait du bien !

Le chemin se poursuit jusqu'à Trigodina ou vit un ours qu'il ne vaut mieux pas déranger... Cela dit, il a mis à disposition du café et des boissons fraîches ! Sympa l'ours quand même ! Nous prenons délicatement de quoi nous rafraichir en faisant attention de ne pas réveiller la bête. 🐻

Trop tard... il arrive ! Heureusement il est passé 14h, l'ours est de bonne humeur. Il connait Bar-le-Duc, il y a même fait ses études au lycée Raymond Poincaré (oui, encore lui !), à quelques pas de mon antre. 

Je ne savais même pas qu'il y avait des ours en Meuse et encore moins qu'ils avaient accès à l'enseignement... comme quoi on en apprend tous les jours ! 

La journée s'achève... ne me demandez pas combien de kms nous avons parcouru, j'ai arrêté de les compter ! Ce que je sais, c'est que nous faisons une moyenne de 20 kms par jour d'après le Miam-Miam Dodo. En réalité, nous en faisons plus avec les petits détours, les égarements etc...

Nous tombons sur une aire de repos aménagée pour les pèlerins avec abri, tables, fontaine... un parfait lieu de bivouac dans un petit hameau, quelques kms avant Lascabanes. C'est décidé, nous dormirons ici cette nuit. 

Cette année, je n'ai pas omis de prendre quelques produits de soin : le baume du pèlerin (pour les pieds), un baume décontractant (pour les courbatures) et un lait hydratant pour le pauvre corps chaque jour confronté aux éléments. 

Le baume du pèlerin remplace assez bien la crème Nok (pour les ampoules). Je l'applique le soir, je mets des chaussettes et je laisse agir la nuit car de jour dans les sandales, ce n'est pas possible. Les pieds glissent...

La cuisine

Le coin détente

La salle de bain

Malgré le cadre super agréable et les quelques maisons autour, mes peurs ressurgissent. Il faut se réhabituer aux bruits nocturnes... 😱

Alors pour ne pas cogiter et passer une nuit blanche, je mets le masque et les bouchons d'oreille. C'est un peu moins magique mais j'ai besoin de dormir !

Ainsi s'achève cette première journée... Bonne nuit. 🌙

Jour 2 : la douce fragrance de Montcuq...

La nuit a été courte mais bonne. Les peurs ont fini par s'estomper et la fatigue a pris le dessus me poussant à m'endormir.

Nous remballons notre matériel et partons en direction de Lescabanes. Arrivées là-bas, nous cherchons un endroit où nous pouvons faire tamponner la crédencial. Un anglais nous indique d'un français mal assuré ce petit bistrot sur la place du village. Ça tombe bien, nous avions envie d'une boisson chaude. 

C'est aussi le moment de socialiser un peu ! Mais où sont les pèlerins ? Il n'y a pas grand monde ce matin ! Nous échangeons rapidement avec Marie-Dominique que nous retrouverons un peu plus tard. Marie-Do fait a un petit sac qui semble fort léger. Ah ben oui, elle fait porter ses bagages par la malle postale, la veinarde ! 😀

C'est sûr qu'on avance pas au même rythme avec un sac allégé ! Mais bon, nous avons fait le choix de porter notre maison sur le dos, il faut assumer maintenant ! 

Évidemment, un petit tour dans l'église s'impose ! Il n'y a pas grand chose d'autre à visiter dans ce village et de toute façon, ce n'est pas le moment de s'attarder, la journée ne fait que commencer et la route est encore longue...


Les paysages sont très jolis sur cette portion du chemin. Il y a beaucoup plus de verdures que l'année dernière où tout était sec, jaune, rocailleux et peu ombragé... 

Nous faisons une halte à la petite chapelle Saint-Jean où nous retrouvons Marie-Do en pleine écriture. Nous échangeons sur la "magie" du chemin et toutes ces petites choses étonnantes que l'on peut vivre. 

Quelques vêtements ont été déposés dans l'église (vêtements oubliés ou abandonnés par les pèlerins mis à disposition pour d'autres pèlerins). Ma mère trouve une veste légère qui lui permettra de se protéger du soleil. C'est justement ce qui lui manquait, son chemisier n'ayant pas des manches assez longues...

Marie-Do est bien connectée elle aussi ! C'est agréable et léger de converser avec elle.

Tu te demandes peut-être ce que j'entends par le terme "connecté" ? C'est lorsqu'on arrive à percevoir les messages qui nous sont envoyés. Etre à l'écoute des signes, trouver les réponses à nos questions de manière totalement improbable et inattendue. Recevoir ce dont nous avions besoin au moment où nous en avions besoin... C'est toutes ces petites choses qui se passent sur le chemin lorsque nous nous relions avec notre environnement et notre moi profond. Et c'est tellement bon... tellement puissant... 🤩

Difficile de quitter ce lieu de quiétude. Il y avait même un robinet et des toilettes sèches ! Ça aurait fait un superbe lieu de Bivouac ! 

L'année dernière, vous avez pu constater que j'ai partagé de nombreuses photos de moi (au grand étonnement de mes amis 😅), j'avais besoin de me reconnecter à mon image. 

Cette année, je continue ce travail d'acceptation de moi. Je sais que je vais perdre des kilos en marchant... ça ne m'enchante pas. Accepter cet état de maigreur, être confronté au regard des autres et aux remarques, ça fait partie du chemin. 

Nous arrivons à Montcuq (prononcez bien le "Q" à la fin sinon les gens vont vous regarder bizarrement !) 😅

Un orage s'annonce en soirée et l'idée du bivouac ne nous enchante pas. À défaut de trouver un terrain de camping, nous recherchons un gite qui accepte les tentes. 

C'est au Soleilou que nous passerons la nuit ce soir. Jean-François et Marie-Noëlle nous accueille à bras ouverts ! Nous partagerons le jardin avec Siméon et Pascaline. 

Sitôt installées, nous repartons en quête d'un supérette pour nous ravitailler et visitons la jolie petit bourgade de Montcuq. 

Je découvre un tableau très étrange : "Marie qui défait les noeuds". Je n'en avais jamais entendu parler et je trouve ça très drôle ! Il y a même des bougies à son effigie. Bien décidée à tester son efficacité, j'en achète une. 😁

Au Soleilou avec Jean-François et Marie-Noëlle, nous découvrons pour la première fois l'ambiance d'un gîte. Tutoiement direct dès l'arrivée, c'est la règle entre pèlerins et hotes et j'avoue que je prends vite le pli. J'apprécie ce tutoiement, je trouve que ça casse rapidement les barrières entre les gens. 

Autre règles, on mange tous ensemble. Ce n'est pas une obligation bien sûr mais les pèlerins qui apportent leur pique-nique sont les bienvenus à la table de ceux qui dînent avec les hôtes.

Je suis un peu réticente, encore dans mes peurs et mes vieux schémas mais je me laisse tenter... Après tout, je me suis lancée le défi de me socialiser ! 😅 La soupe nous est offerte, ainsi que le dessert... et l'apéro. Rien que ça ! Les hôtes sont aux petits soins avec les pèlerins, on se sent chouchoutés tels des parents qui veillent au bien-être de leurs enfants. 

Ça me laisse une impression étrange, je sens que c'est ce qui m'a manqué durant toute mon enfance. Cette sensation d'être en totale sécurité, qu'on s'occupe de moi et que je n'ai rien d'autre à faire que de me laisser aller... En tout cas, je me sens bien. Mon amygdale cérébrale est apaisée. 

Nous passons une soirée festive en compagnie de Siméon et Pascaline, Jean-Claude et Colette, Corinne et... mince, j'ai oublié son nom 🫢 Et puis c'est l'heure de la tisane-concert. Jean-François sort la guitarre et nous chantons en coeur quelques titres bien connus. 

Alors que la nuit commence à tomber, nous regagnons allègrement notre tente pour y passer une bonne nuit de sommeil. 

Tiens, c'est bizarre... le sac de couchage de Maman est humide. Ah non, il est carrément mouillé. Pourtant, il ne pleut pas... Oh bordel ! Ce n'est pas de l'eau mais... de la pisse de chat ! 😨

C'est la panique à bord ! Il fait quasiment nuit, on s'agite dans tous les sens ! Vite, il faut sauver nos affaires de cette horrible puanteur ! Jean-François vient à notre rescousse avec une bassine d'eau et de l'huiles essentielle de lavande.

Ça camoufle un peu mais tu sais bien qu'on ne se débarrasse pas de l'odeur comme ça ! Le bout du duvet est trempé, le tapis de sol ainsi qu'une partie de la tente, toute neuve... 

Ma mère est en colère... pas après le chat mais après elle, de n'avoir pas fermé la tente avant d'aller manger. Je me suis tellement sentie en sécurité dans cet havre de paix que je n'ai pas pensé à le faire non plus. Pas de risque de voleurs, ni d'animaux sauvages... mais j'ai oublié l'existence des chats. 

L'endormissement s'annonce difficile. Entre l'odeur infecte, ma mère qui rumine sa négligence et moi qui craint qu'elle ne passe une nuit blanche à ressasser... Je repense à Geoffrey et Chimgee (nos compagnons de route lors notre premier chemin) qui prenaient tout ce qui leur arrivait du bon côté. J'entends encore le rire de Chimgee alors que leur tente s'était transformée en piscine... 😅

Non vraiment, il faut qu'on se reprenne rapidement. Ce n'est pas cet incident qui va nous gâcher le chemin. Après tout, c'est grâce aux aléas qu'on apprend à apprécier les petits bonheurs anodins.

Et puis, ça fera une anecdote à raconter ! 😎

Jour 3 : comme un air de Koh Lanta

Le sac de couchage a passé la nuit sur le fil à linge. Il sent encore la pisse mais c'est relativement supportable. Marie-Noëlle nous offre un morceau de délicieux pain d'épices fait maison pour nous "consoler" de notre mésaventure.

Nous quittons Montcuq avec notre nouveau parfum senteur lavande/pisse de chat. Sur le chemin, on donne souvent des surnoms aux gens avant de connaitre leurs prénoms. C'est ainsi que nous avons rencontré "la fille aux cheveux bleus", "les australiennes" ou encore "la dame qui ressemble à Lydia..."

Pourvu que nous ne devenions pas "les filles qui puent la pisse de chat..." 😖

Bref... continuons notre route ! Nous sommes dans le Quercy blanc mais en vérité, c'est plutôt vert ! Ahhh ce vert qui nous a tant manqué l'année dernière ! Regardez comme c'est beau !

La chapelle de Rouillac, notre première halte de la journée. Un touriste étranger entre et chante un magnifique Avé Maria. Merci monsieur pour ces quelques minutes de grâce, vous m'avez mis du baume au coeur. 🙏🏼

Nous traversons le village de Montlauzin. Le temps est couvert mais ce n'est pas plus mal. Au moins nous ne souffrons pas de la chaleur aujourd'hui. 

Sympa l'endroit mis à disposition des pèlerins ! Mais nous n'avons pas le temps de nous y arrêter, la pluie ne va pas tarder à nous rattraper.

Et voilà, il pleut ! Et pas qu'un peu ! Si ça pouvait faire partir notre odeur... 😇 Je ne crains pas la pluie mais l'orage est annoncé. J'ai peur de l'orange alors je presse le pas.  

Oh des cerises ! 🍒 Pluie ou non, pas d'autres choix que de s'arrêter... 😎

Il pleut de plus en plus fort ! L'eau ruisselle sur le sol, transformant les chemins en ruisseaux ! C'est dynamisant, énergisant ! Je prends plaisir à traverser les grosses flaques d'eau boueuse avec mes sandales, purifiant mes pieds !

Au bout du chemin, une fontaine qui tombe à point pour nous laver de nos péchés... euh pardon, nos pieds et nos sandales boueuses ! C'est la magie du chemin ! 

Maintenant, il n'y a plus qu'à laisser sécher le tout à l'air libre. Une petite pensée pour les pauvres pieds des pèlerins en chaussures de marche qui vont macérer pendant des heures dans leurs chaussettes mouillées... je ne les envie pas !

Oh non... mais c'est pas vrai ! Encore un chemin transformé en flaque géante et de la boue ! Mais comme dit plus haut, la pluie nous dynamise, nous énergétise et nous rend même un poil euphorique ! On se met à célébrer la pluie, à sauter dans les flaques en riant de bon coeur ! 

Oups, je n'avais pas vu que nous étions suivies ! L'homme nous double avec un grand sourire et un petit mot sympathique, notre petit numéro l'a bien fait rire ! La femme semble moins enjouée... visiblement, la pluie ce n'est pas son truc. 

Nous arrivons dans la ville de Lauzerte. Ça me fait rire de retourner à la civilisation dans un tel état. Je pense à ces gens qui nous voient débarquer de nulle part, toutes boueuses et dégoulinantes et fagotées comme l'as de pique... Si j'étais chez moi, dans ma ville, je serais sans doute un peu gênée qu'on me voit ainsi 😅 

Mais sur le chemin, on laisse son amour-propre de côté et on apprend à faire abstraction du regard de l'autre. 

Une voiture s'approche. Une femme nous demande si tout va bien (on a l'air si mal en point que ça ? 🤔) et nous propose de nous emmener jusqu'à notre gite. On la remercie chaleureusement mais nous ne savons pas encore où nous nous arrêtons ce soir.

J'aperçois un banc et une fontaine à une intersection, près d'un rond-point ! C'est le moment de faire un brin de toilette et d'étendre les capes et les vêtements mouillées ! Notre installation ressemble à un camp de manouches au bord de la route... 🤣

C'est ici que nous croisons un groupe de 10 nanas qui cheminent entre soeurs, cousines, amies, belles-soeurs... bref, que des filles quoi ! Et bien, je leur tire mon chapeau ! Moi, je ne pourrais pas faire ça en groupe et encore moins entre filles ! 

Un détail m’interpelle... comment font-elles pour être si bien habillées, coiffées et maquillées ? Aurais-je loupé un truc ? 😅 J'ai appris plus tard qu'elles font transporter leurs valises par la malle postale et que leur contenu ne ressemble pas vraiment à ce qu'on attend d'un pèlerin. 

Chacun sa vision et son expérience du chemin après tout ! 😁

Nous arrivons au coeur de Lauzerte pour une seconde halte autour d'un chocolat chaud, bien mérité. L'ami Xavier m'avait prévenue de la beauté de ce lieu, j'approuve. Et puis, le soleil est de retour, je vais pouvoir faire sécher mes sandales au soleil !

Tiens, il y a un quadrupède poilu qui s'approche ! Il se dirige plus précisément vers le sac de ma mère... il semblerait qu'une odeur lui soit légèrement familière... 🙄

Petite visite de l'église avant de faire tamponner la crédencial à l'office du tourisme. Ça fait du bien de poser le sac qui pèse une tonne avec mes réserves alimentaires !

Vous ai-je dit que je suis partie avec 800g de granola (fait maison), un gros sachet de fruits secs, des boites de pâtés VG, haricots et feuilles de vignes... et même du faux-gras ? (j'ai pris ce que j'avais dans les réserves à la maison...) 😅

Nous ne dormirons pas ici ce soir, préférant avancer encore un peu. Nous devons faire nos 20 kms par jour si on veut arriver à destination pour la date de retour. 

Nous quittons Lauzerte sur un magnifique panorama ! J'ai repéré une chapelle un peu plus loin, dans les bois où nous pourrons nous arrêter pour dormir.

Malgré le retour du soleil, les chemins n'ont pas eu le temps de sécher... M'enfin là, ce n'est plus du ruissellement, c'est carrément un marécage ! Ça ne m'étonnerait même pas qu'il y ait des crocodiles ! 🐊

Une épaisse couche de boue recouvre le chemin et impossible de s'en détourner... Pas le choix que d'y aller !

Je m'y risque avec mes sandales et je m'enfonce si bien que je n'arrive plus à ressortir de la boue ! J'ai peur de péter les lanières avec le poids et l'adhérence de la boue...

Bon, je ne vois qu'une solution : retirer les pieds de mes sandales et plonger les mains dans la boue pour les récupérer en un seul morceau ! Et finir le reste pieds nus, bien sûr ! 

Cette fois, il n'y a ni fontaine, ni ruisseaux pour se laver...  Non mais c'est pas possible, c'est Koh Lanta ce chemin ! Où sont les caméras ??? 😝

Ouf, nous sommes passées ! Espérons qu'il y a bien un robinet d'eau à la chapelle comme indiqué sur le Miam-miam Dodo sinon ça risque d'être compliqué... 😅

La vue sur ce petit lac est apaisante... mais ce n'est pas le moment de s'arrêter, l'orage arrive et il nous faut rejoindre notre lieu de bivouac dans la forêt. 

Les derniers kilomètres sont longs et mal indiqués. Je perds les traces du GR, l'orage approche... je n'aime vraiment pas ça. Vivement qu'on arrive.

On passe un mini-hammeau "Le Chartron" et demandons notre chemin. Encore 800 mètres et nous y sommes. 

Si tu retires le second "r", tu obtiendras mon nom de famille 😎

Nous retrouvons Pascaline et Siméon qui ont planté leur tente dans le verger adjacent à la chapelle St-Sernin. C'est un très bel endroit avec un grand verger et un robinet ! Youpi ! 

Je repère un arbre étrange. J'en ai jamais vu de tel mais un ami m'en avait déjà parlé. C'est un mûrier. Les fruits sont plus gros et moins acides que ceux issus de l'arbuste. Enfin, je peux le dire à l'heure où j'écris ses lignes mais sur le moment je n'ai pas osé goûter, n'étant pas sûre à 100% que c'était bien un mûrier et je n'avais pas de connexion pour le vérifier. 

Dans le doute, je me suis abstenue. Il manquerait plus que ce ne soit pas comestible... pas envie de me retrouver aux urgences. Nous avons suffisemment vécu d'aventures pour aujourd'hui ! 

Allez, maintenant je vous fait visiter notre lieu de bivouac !

Pas question de dormir dehors avec l'orage qui gronde au loin. Et puis cette chapelle est tellement agréable et spacieuse, il serait dommage de s'en priver ! En plus, il y a un Jésus "bonhomme allumette" ! 

À mon tour de chanter un Avé Maria ! Qu'est-ce qu'on est bien ici... Nous mangerons en compagnie de Pascaline et Siméon, un jeune couple venu du Nord qui ont prévu d'aller jusqu'à Saint-Jacques, les courageux !

Et grâce au réchaud de nos compagnons de route, nous aurons droit à notre "pisse-mémé" ce soir ! Le grand luxe ! 😎

Bonne nuit !

Jour 4 : briser la glace 

La nuit fut bonne et réparatrice. Le soleil est au rendez-vous et nous avons même le privilège de sonner les cloches de la chapelle ! 

Nous laissons Siméon et Pascaline prendre tranquillement leur petit-déjeûner, pour nous c'est jeûne intermittent, comme toujours. Enfin presque... 

Impossible de résister à ces cerises fraîchement cueillies qui nous tendent les bras ! Mises à disposition gratuitement pour les pèlerins par le producteur. Comme c'est gentil !!! 

Dans un cas comme celui-ci, je fais l'impasse sur le jeûne intermittent ! Ce n'est pas quelque chose que je pratique de manière stricte non plus, comme tu pourras le constater un peu plus loin dans cet article. 😇

Il y a beaucoup d'arbres fruitiers dans cette région mais les fruits ne sont pas mûrs, hormis les cerises, ce qui est déjà pas mal ! On rencontre énormément de prunes et de figues mais elles sont encore vertes. 

C'est une région aussi très céréalière. Ce n'est pas le sud tel que je l'attendais mais pour autant, je ne suis nullement déçue. Je trouve ce chemin plus agréable que celui de l'année dernière. 

Nous faisons une pause à Dufort-Lacapalette devant le Relais de Saint-Jacques qui fait épicerie & restaurant. Il y a un robinet, nous en profitons pour retirer les sandales, passer les pieds sous l'eau et soigner les ampoules.

Car oui, même en sandales on a parfois des ampoules ! Pour une fois, je n'en ai pas entre les doigts de pieds. C'est grâce à la crème Nok que j'ai appliquée chaque soir pendant un mois avant de partir. 

Hélas, j'ai oublié que les ampoules aimaient bien aussi se nicher sur l'arête du talon... j'ai un peu négligé cet endroit ! Tant pis, je ne tâcherai pas de l'oublier la prochaine fois ! 

Va donc dire ça au chat qui a pissé dans la tente 😤

Nous reprenons le chemin pour quelques heures à découvert. Il fait chaud, très très chaud... 🥵 J'ai repéré sur la carte une chapelle à St-Martin avec un robinet d'eau. Ça fera du bien de faire une nouvelle pause au frais.

Zut, elle est fermée ! Nous nous posons une petite demi-heure sur un banc à l'ombre. 

J'ai déjà évoqué ces petits mots que l'on trouve tout au long du chemin. J'ai lu des commentaires négatifs à ce propos sur Facebook : "C'est de la dégradation !" Et bien moi, j'aime bien, tant que c'est fait dans le respect. 

La plupart des petits mots sont positifs, encourageants et offrent souvent petits signes bien sympathique tel un mot, une phrase, un prénom... Rien à voir avec les vulgarités que l'on rencontre habituellement ! 

Ainsi, je tombe sur ce texte du Tour du Monde de la Joie au moment même où je suis en plein travail sur le chakra racine. C'est une belle synchronicité ! 😄

Je ne l'ai pas mentionné mais j'avais comme objectif de travailler sur le chakra racine la première semaine et sur le ckakra sacré la seconde. 

Nous poursuivons notre route en direction de Moissac. Je m’aperçois alors que j'ai de beaux coups de soleil sur les jambes. Je ne les ai pas vus venir ! Je sors la jupe pour me protéger mais c'est trop tard, ils sont bien là.

Plus les heures passent, plus le soleil tape... 

J'ai repéré un magasin bio au début de la ville mais il va falloir se détourner un peu du chemin. Les derniers kms sont difficiles tant la chaleur est étouffante.

Nous y arrivons. Mes pieds n'en peuvent plus, mes jambes et mon dos non plus... je m'assoie quelques instants à l'entrée du magasin, incapable de faire un pas de plus. Et je réalise que le camping est à l'opposé de la ville, soit à 4 kms... Impossible, nous n'y arriverons jamais ! 😞

En sortant du magasin, nous cherchons une solution. Pas de bus mais un parking avec des voitures... Il suffit de demander à quelqu'un s'il peut nous déposer au camping. C'est ma mère qui se colle à la tâche, prenant son courage à deux mains.

Elle accoste un couple de retraités qui semblent plus dérangés qu'autre chose mais qui acceptent néanmoins de nous rendre ce service. L'ambiance dans la voiture est glaciale.

La femme donne des ordres à son mari, tel un GPS : "Tourne à gauche ! Arrête-toi ! Baisse ta vitre et demande ton chemin à la dame !" Monsieur s’exécute sans broncher pendant Madame déballe la nouvelle médaille qu'elle accroche au cou de son petit chien.

"Viens voir Maman ! Laisse Papa tranquille, il conduit !"

Pendant ce temps, j'observe les rapports humains... c'est fascinant...

Ma mère se manifeste, brisant la glace. Elle a le don pour amener les gens à laisser tomber leurs barrières... Le ton change, l'ambiance devient plus détendue. Ouf !

Arrivées au camping, nous les remercions chaleureusement. Ils nous aident à sortir nos sacs du coffre, nous souhaitent une bonne continuation et nous font de grands coucous en repartant !

Un homme ayant été témoin de la scène nous offre le reste de son paquet de gâteaux pour nous redonner de l'énergie ! On fait si pitié que ça ? 😆

Bien contentes d'être arrivées à destination ! Le camping, situé au bord du Tarn est joli, spacieux, agréable. Les restes d'un vieux moulin font office d'accueil. 

Nous nous installons sur l'espace réservé aux campeurs d'une nuit, généralement les randonneurs ou les cyclistes. C'est une grande parcelle et l'on se met où on veut. 

C'est sympa car ça permet de rencontrer des personnes qui sont dans la même dynamique que nous. Notre voisine est cycliste, elle fait un chemin autre que celui de Compostelle mais dans la même énergie, c'est à dire avec sa maison sur son dos et sans savoir exactement où elle va se poser le soir.

J'entends l'oiseau des campings ! Je l'ai appelé ainsi car à chaque fois que je vais dans un terrain de camping, je l'entends. J'ai appris récemment que c'était un pigeon ramier ou palombe.  

Notre voisine a la même tente que nous (le parfum "pisse de chat" en moins....). Quelle aubaine pour notre tente d'avoir retrouvé sa jumelle ! Quelle synchronicité ! Quel monde merveilleux !!! C'est la magie du cheminnnnnn !!!! Oups je m'égare... désolé. 🤭

Jour 5 : affronter ses peurs

J'avais prévu de visiter Moissac ce matin avant de reprendre le chemin mais nous avons quitté le camping un peu tard. La nuit n'a pas été super réparatrice en raison des lumières des sanitaires trop fortes, même avec le masque. Tant pis, nous allons improviser.

Le couple d'hier nous a parlé d'un beau marché au cœur de la ville. C'est l'occasion de visiter et pourquoi pas déguster quelques spécialités pour le déjeuner !

La visite est rapide. Je ne sens pas de très bonnes énergies ici. J'ai du mal à me réhabituer à l'ambiance de la ville. La vieille ville est néanmoins jolie avec son abbaye. J'entrouvre la porte, une messe y est donnée, ce n'est pas le moment pour visiter, tant pis.

Quant au cloitre, la visite est payante et il faut attendre cet après-midi. Visiblement, ce n'est pas le bon jour pour faire du tourisme ! Dommage, j'en avais envie.

Je me rabats sur le marché. Habituellement je ne suis pas à l'aise sur les marchés. Trop de bruits, trop de mouvements, trop de stimuli, je ne sais pas où donner de la tête.

Pour une fois, j'arrive à faire abstraction et à me concentrer sur les étalages. Et j'ai bien envie de me faire plaisir ! Je me surprends à être l'aise, goûter, remercier et repartir sans acheter.

Je passe devant le stand d'un marchand turc qui fait des sortes de galettes. Je connais, j'en ai mangées à la foire de printemps à Bar-le-Duc. Ce jour là, avec un ami, j'avais même pris une bonne leçon pour savoir comment s'y prendre sur ce genre de stand. J'ai mis en pratique ce que j'avais appris avec succès.

Ces dernières lignes peuvent vous sembler étrange mais "je n'ai pas les codes" (comme j'aime le dire) pour gérer des situations - même les plus simples - qui sont naturelles pour la plupart des gens.  

Bref, je suis fière de moi et de ce pas en avant !

Nous nous asseyons à l'ombre près du parvis de l'église pour déguster notre galette et quelques pommes de terre.

Deux femmes dégustent des fraises près de nous et la conversation démarre. L'une est végétarienne, l'autre vegan sans gluten. 

On échange sur la difficulté de manger sainement sur le chemin. C'est triste, nous sommes dans le Sud, dans le pays des fruits et il est difficile de trouver des fruits mûrs sauf aujourd'hui sur le marché...

Nous repartons avec des abricots et un beau melon pour ce soir. 

Nous quittons Moissac sans regret. Deux chemins s'offrent à nous pour les 15 prochaines bornes : longer le bord du canal ou crapahuter dans les collines. Nous optons pour l'option la plus facile, nous ne sommes pas là pour faire des performances. Et puis, vu le temps qu'il a fait ces derniers jours, les chemins doivent être encore gorgés d'eau.

Le canal est agréable, reposant et ombragé. 

Bon finalement c'est un peu monotone au bout de 15 kms... Pas de bancs et beaucoup de saleté en sortant de Moissac. 

Hey ! Un petit coucou de Sylvie de France ! Sylvie, je l'ai rencontrée l'année dernière lors d'une de nos manifestations anti-pass à Verdun. Elle a tout plaqué durant la période Covid pour sillonner les route de France à pieds, habillée en clown, et distribuer de la joie.

Enfin de quoi s'asseoir ! Nous faisons une pause au côté d'une dame qui revient du marché. Elle nous conseille de grimper en haut de la passerelle d'où nous pourrons voir un chouette panorama avec l'embranchement du Tarn et de la Garonne. 

J'y vais. Ma mère n'a pas le courage de monter. Pas grave, je lui ramènerai des photos ! 

On continue de longer le canal pour quelques kilomètres encore... Il fait chaud, le temps est orageux. D'ailleurs ils en annoncent encore pour ce soir. Je ne suis pas tranquille. On réserve un gite qui accepte les tentes. Comme ça, en cas d'orage on a un toit à proximité pour s'abriter !

Nous quittons enfin le canal, il nous reste 4 kms à parcourir. Le ciel s'assombrit de plus en plus et cette fois, l'orage est proche. Jusqu'à présent, on passe à côté mais on a croisé de nombreux pèlerins qui ont subi le tonnerre et la grêle depuis Puy-en-Velay !

Avec la fatigue, je commence à paniquer. J'ai vraiment la phobie de l'orage et n'arrive pas à me maitriser malgré tout le travail que j'ai fait en EFT à ce sujet !

Ma mère arrête une voiture et nous faisons une fois de plus du stop sur les 2 derniers kms. 😅 J'ai un peu honte mais bon... c'est comme ça !

Nous arrivons au gite du Par'Chemin à Espalais et sommes accueillis par Rémy, notre hôte, en train de masser les pieds de Caroline, une pèlerine. Le lieu est zen et à la bonne franquette comme on dit !

Nous retrouvons Charles, rencontré quelques jours auparavant. Charles est un petit bonhomme de presque 70 ans qui vient du Québec. C'est la première fois qu'il vient en Europe et il est émerveillé par les constructions des maisons ! 😄

Charles aussi a fait du stop pour arriver au Par'Chemin, mais pas pour les mêmes raisons que nous. En effet, il a dépassé par inadvertance le gîte de 5 kms ! Ne voulant pas faire marche arrière à pieds, il s'est fait reconduire... en tracteur ! J'adore échanger avec Charles, il est trop marrant. Nous partageons sur la différence de culture entre la France et le Québec. 

Il pleut et l'orage éclate. Rémy nous propose un lit bien douillet pour ce soir plutôt que de dormir sous la tente. Nous partagerons un vieux grenier où séchait le tabac auparavant aménagé désormais en dortoir avec Caroline et Thomas.

Et puis nous rencontre Diana qui vient de Suisse. Fatiguée, elle fait une pause au Par'Chemin pour plusieurs jours et aide Rémy. Le gîte est en donativo. C'est-à-dire qu'on donne ce qu'on veut et en échange on participe aux tâches. J'aime bien ce principe ! 

Nous échangeons tous ensemble sur ce que nous apporte le chemin, ses difficultés, ses instants de bonheur... mais au final, tous s'accordent à dire que le chemin transforme. C'est vrai. 

L'orage éclate pour de bons et nous sommes dehors, enfin sous l’appentis de la maison d'où je peux voir les impressionnants éclairs dans le ciel. J'ai réussi à rester à table malgré ma peur. J'aimerais tant réussir à profiter du spectacle sans cette profonde angoisse en moi...

Ce n'est même pas la peur du danger, c'est juste mon amygdale cérébrale qui s'emballe... 

Jour 6 : un boost d'énergie ! 

J'ai des énormes ampoules. Rémy me donne une aiguille et du fil pour que je les perce mais j'ai jamais fait ça et ça me stresse. 

Finalement, je parviens à percer mais pas à passer le fil et ça me change la vie !!! Pourquoi je n'ai pas fait ça plus tôt, bon sang ! Pourquoi j'ai autant peur de tout ! Les amis, si vous avez des ampoules au pieds, percez-les ! Ça soulage et en plus c'est drôle. J'adore le faire maintenant !

Par contre, il aurait fallu que je passe un fil dedans pour permettre au liquide de s'écouler. Parfois ça pique, ça brûle... mais après, quel soulagement de pouvoir à nouveau remettre les sandales sans douleur !

Nous quittons la Par'Chemin avec un gros câlin pour Rémy et Diana qui reste là encore quelques jours pour se reposer. Et on oublie de payer... bon c'est du donativo mais quand même ! Allez hop, demi-tour ! Faut pas abuser ! 

Nous rejoignons Auvillar qui n'est qu'à 1.5 kms ! Le cœur du village (il faut se détourner des balises pour passer au centre !) est très joli avec sa "halle à grains".  

Pour une fois, je prendrais bien un bon petit-déjeûner ! Au fil des jours, je sens ma digestion s'améliorait avec la marche et mon estomac se réveille de plus en plus tôt. 

Hélas, tout est encore fermé à cette heure-ci... zut ! Il nous reste un morceau de chocolat, on achète une baguette et on se pose sur un banc à la sortie du village. 

Nous reprenons la route. Le temps est couvert, c'est agréable, il ne fait pas trop chaud. On prévoit une pause à Bardingues, j'ai repéré une aire de repos avec toilettes et robinet qui semble sympa. Mais arrivé au village, je m’aperçois qu'il faut faire un détour pour y arriver et on a pas envie de rajouter des kilomètres... 

Finalement, notre curiosité nous amène jusqu'aux portes du château de La Motte où l'on décide de faire notre halte. Ma mère s'enfile aux abords de la propriété et tombe sur des toilettes dans les anciennes écuries. Je ne sais pas si nous sommes autorisés à y entrer mais bon... je la suis. 😅

Anecdote : "Savez-vous pourquoi les armes de la famille Esparbès de Lussan (famille à qui a appartenu le château dès 1625) figurent sur les calandres des voitures américaines Cadillac ? 🧐

On le doit à Antoine Laumet (1658-1730), un aventurier né dans le village voisin de Saint-Nicolas-de-la-Grave. Il part chercher fortune aux Amériques où il s'inventera  le titre de Seigneur de Lamothe-Cadillac, empruntant au passage le blason des Esparbès de Lussan. Après de multiples péripéties, il fondera la ville de Détroit, qui deviendra la capitale de l'automobile aux Etats-Unis. Une statue lui a été élevée et la marque Cadillac commémore son nom.

Pas mal pour un usurpateur !"

Nous quittons le Tarn-et-Garonne pour entrer dans le Gers. Je ne vous parle pas beaucoup d'histoire et de géographie dans cet article... mais ce n'était pas l'objectif de ce chemin et même si je m'y suis un peu intéressée, je n'ai rien retenu que je puisse vous transmettre ! Ah ah ! 😆

Cette fois, c'est l'heure de manger ! Nous arrivons au village de Saint-Antoine-de-Pont-d'Arratz où nous trouvons une table, une fontaine, des toilettes et deux pèlerins qui finissent leur sieste tranquillement : Philippe et Richard.

Richard en a marre de manger du pain et du fromage tous les jours ! Il est comme nous, il essaie de manger sainement et à petit budget ! Il sent que ça ne lui fait pas du bien. Il fait le chemin en autonomie lui aussi, avec sa maison sur le dos.

Il nous offre de la roquette qui vient sublimer ma tranche de pain et de houmous ! Jusqu'à présent, j'ai réussi à ne pas manger de fromage ! Youpi ! J'ai racheté de l'houmous et des pâtés végétaux avant-hier au magasin bio. 

Richard et Philippe se sont rencontrés sur le chemin et, marchant au même rythme, ils font un bout ensemble. 

Richard est très critique sur la société, le monde que dans lequel nous vivons. Il nous parle d'anthropologie... et puis soudain, ma mère lâche un nom : Philippe Guillemant. Le déclic se fait dans la tête de Richard, il comprend que nous sommes sur la même longueur d'ondes... dans le même "délire".

Et les conversations s'enchainent ! Physiologie humaine, jeûne, manipulation des masses, plandémie... Richard finit par nous avouer que c'est la première fois qu'il a une vraie discussion, dans laquelle il peut parler sans filtre, sans jouer de rôle, depuis qu'il a entrepris le chemin à Puy-en-Velay. 

Le partage d'énergie est fort, on le ressent tous les trois. Il y a un truc qui se passe. Les bonnes rencontres au bon moment... Bordel, que ça fait du bien de pouvoir parler d'autre choses que d'ampoule, de chemin, d'où on va dormir ce soir etc...

Nous finissons le repas et reprenons notre route, laissant l'ami Richard coeur de Lyon terminer tranquillement sa pause. Il commence à pleuvoir, on visite rapidement l'église du village, porteuse d'énergie elle aussi. Je crois que je suis remontée à bloc ! 😅 

On retrouve notre Richard un peu plus loin près d'un stand en donativo où nous attend des boissons chaudes et du clafoutis aux cerises ! Comme j'ai gentil ! J'ai beaucoup de gratitude pour les habitants qui laissent des petites surprises comme celle-ci sur le chemin. Vous n'imaginez pas comment c'est réconfortant ! 😃

On se pose tous les trois et on reprend nos bavardages... 

Nous reprenons le chemin ensemble avant de se séparer, Richard marchant plus vite que nous. Il est certain qu'on se recroisera, pour lui c'est évident, il n'y a pas de hasard !

Mon moral est au beau fixe et je remercie la vie de ces merveilleux moments partagés sur le chemin. C'est fort, c'est puissant !

On retrouve Richard et Philippe à Flamarens. Encore de beaux échanges. Richard disait n'avoir jamais eu de telles ampoules, ça le fait souffrir. Pourtant habitué à marcher en montagne mais là c'est différent, c'est de la marche chaque jour depuis plusieurs semaines avec une lourde charge sur le dos.

Eux ce sont ce que j'appelle de véritables pèlerins. Ils sont partis du Puy et bivouaquent la plupart du temps. Et ils en chient... Mais plus tu en chies, plus tu te reconnectes à ta capacité d'émerveillement et chaque petit instant de bonheur te procure une satisfaction et une joie intenses. 

À les voir ainsi, on dirait deux SDF. Comme je vous le disais en début d'article, seule la coquille distingue le pèlerin du SDF...

Il y a de multiples façon de faire le chemin. Partir quelques jours, dormir en gîte, faire porter ses bagages... ou bien faire le chemin d'une seule traite, bivouaquer où bon nous semble, se laver au robinet du village. Et entre ces deux extrêmes, une multitudes de variantes.

Bon, ce n'est pas le tout, il va falloir trouver où dormir ce soir et une fois de plus, des orages sont annoncés. Je n'ai pas envie de me retrouver en panique comme hier, essayons donc d'anticiper au mieux.

Après une petite visite de l'église en rénovation, nous reprenons notre route. Richard nous a indiqué une ferme un peu plus loin où nous pourrions poser la tente mais une fois sur les lieux, ça ne nous inspire pas confiance...

Et puis le ciel semble s'arranger alors nous poussons jusqu'à Miradoux. J'ai repéré un gîte qui accepte les tentes au cœur du village ! 

Nous y sommes ! Bonté Divine ! Qu'est-ce que c'est beau !

Bonté Divine, c'est le nom du gîte tenu par Stéphane et Rachel. Je commence à vraiment apprécier les gites et leur ambiance malgré mes difficultés à prendre mes marques. Mais ça va finir par passer avec l'expérience. 

Le jardin est superbe ! Il n'y a pas beaucoup de place pour les tentes mais ça tombe bien, nous sommes les seules à camper. Et ce petit coin est super chouette ! Il y a tout pour se détendre : hamac, chaises longues etc... 

Nous faisons la connaissance d'un groupe d'espagnols : trois femmes et un homme. Enfin, ils ne sont pas tous espagnols... Lucrèce est d'origine espagnole mais habite en Belgique, l'homme parle français lui aussi mais les deux autres parlent espagnol.... bref, je les appelle les espagnols, c'est plus simple. 

Lucrèce est très enjouée, bonne vivante, je l'aime bien ! Elle a choppé une énorme ampoule et elle s'apprête à la percer, une première pour elle aussi. Devenue experte du perçage d'ampoules en deux jours, je suis enchantée de lui donner quelques conseils ! 😎

Nous mangeons à part, je n'ai pas envie de me mêler au groupe ce soir, j'ai besoin de prendre mes distances.

Rachel, la propriétaire du lieu nous apporte une part de gâteau au chocolat qu'a fait son compagnon ! Olala quelle douce attention !!! Il est excellent ! J'en ai rarement mangé d'aussi bon ! 

Bon feeling avec Rachel. Elle vient de créer son activité et propose au cœur du gîte des massages, des guidances avec le Tarot de Marseille et... des séances d'EFT !!!! Le courant passe si bien qu'elle finit par nous raconter toute sa vie, oubliant ses hôtes restés à table... 

Décidément, c'est une journée riche en rencontres... 

Avant de dormir, Rachel nous glisse à l'oreille qu'à Lectoure, là où nous passerons demain, il y a des thermes ! Mais... comment sait-elle que nous en rêvions ? Comment sait-elle qu'on avait envisagé de trouver des thermes à la fin de notre chemin... ? 🤔

Vous allez me dire, Rachel fait sans doute passer l'info à tous les pèlerins qu'elle héberge ! 

Jour 7 : détente, détente et détente ! 

Nous quittons Rachel sur un gros câlin en lui souhaitant plein de bonnes choses pour son projet ! On part tôt pour arriver le plus tôt possible à Lectoure et... profiter des thermes ! 😍

Lectoure n'est qu'à 16 kms, ce sera donc un petit parcours aujourd'hui. Nous retrouvons nos espagnols et leur faisons par de notre future escapade aux thermes, visiblement ils n'ont pas été mis au courant eux ! 

Après divers échanges, personne ne semble être au courant... Pourquoi Rachel nous l'a dit à nous ? A-t-elle senti quelque chose ? 🤔 Nous ne le saurons jamais ! 

On arrive à Castet-Arrouy, petit village avec une jolie rue (c'est plus joli en vrai que sur la photo) et faisons une pause "boissons chaudes" chez Nat. 

Je ne le répèterai jamais assez mais qu'est-ce que j'adore ce concept de boissons et autres gourmandises en libre service et donativo sur le chemin ! Ahhhh si j'avais une maison sur le chemin de Compostelle, je prendrai plaisir à faire la même chose !

Et pour une fois, il y a des infusions ! Hourra ! 

Un petit tour à l'église qui me donne une drôle d'impression. On se croirait dans le manoir hanté de Disneyland et je m'attends à ce que les portraits au mur bougent... franchement, c'est bizarre comme sensation ! 🤣

Nous retrouvons l'ami Richard coeur de Lyon, son compagnon Philippe et Marc. 

Brefs échanges, désolée les gars mais le hammam nous appelle ! Eux non plus n'étaient visiblement pas au courant et regrettent de ne pas avoir pris leur maillot de bain.

Nous retrouvons une fois de plus notre groupe d'espagnol, toujours en joie, Lucrèce toujours aussi pétillante. Il faut des gens comme ça, ça fait du bien !

Pour être sûr de trouver de quoi dormir et se poser après les thermes, nous réservons une nuit avec repas du soir chez Aurélien au Pas Sage. J'ai lu de bons commentaires ventant sa copieuse cuisine végétarienne... hmmm

Hélas, il va falloir oublier le repas... ses autres pensionnaires ne désirent pas y manger et il ne prépare pas le diner pour seulement 2 personnes... Zut ! Pour une fois que nous nous laissions tenter par un repas en gite ! 😅

Nous arrivons à Lectoure, jolie petite village avec ses rues étroites qui montent, descendent et dominent un grand plateau.

Nous nous rendons directement chez Aurélien, déposer nos affaires. On le prévient d'emblée que notre temps est compté (oui oui quand je vous dis que les thermes, c'est primordial) et que s'il pouvait abréger la visite du gite, ce serait sympa. 😎  Nous aurons tout le temps de nous imprégner des lieux ce soir !

Non seulement il est compréhensible mais en plus, il est équipé du meilleur matériel sans lequel on ne peut franchir les portes des thermes : les tongs. 

Cerise sur le gâteau : le repas sera finalement servi, d'autres pèlerins ayant réservé entre temps. Youpi !!! 😁

Au gîte, nous rencontrons Arlette. Elle aussi s'en va profiter des thermes. Aurélien nous donne à chacune un sac, des tongs et c'est parti mon kiki !

En chemin nous tombons sur Charles, notre Québecois préféré ! On s'empresse de prendre des nouvelles. Il a mal au dos et est dans l'obligation de s'arrêter quelques jours. On lui indique les thermes, il va se renseigner pour des massages.

Charles était conducteur de camion en Amérique, son dos en a pris un coup. Depuis le début du chemin, il a dû se délester de la majorité de ses affaires pour alléger son sac. Mais il continue, bien décidé à aller jusqu'à Santiago !

Nous arrivons aux thermes. Le site est grand puisqu'il accueille en majorité des curistes mais l'endroit qui nous est réservé, en tant que touriste, est modeste : petit bassin avec buses de massage, hammam, sauna, jaccuzzi... mais ça fera très bien l'affaire ! Il y a très très peu de monde et ça c'est génial !

Ces thermes, à mis chemin de notre parcours, sont les bienvenues. Barboter dans l'eau fait un bien fou après tout ce que le corps a enduré. Une vraie cure de Jouvence.

Il y a si peu de monde que nous finissons seules dans le bassin, entamant une discussion passionnante avec la maitre-nageuse. Décidément, plus rien ne nous arrête ! 🤣

En sortant des thermes, nous croisons les espagnoles qui nous envient de notre escapade mais elles n'avaient pas de maillot de bain non plus. Quand on fait le chemin, il faut toujours emporter son maillot de bain ! C'est primordial ! 😁

On leur fait part de notre envie de chocolat viennois et Lucrèce nous suggère un joli petit café/librairie près de l'église qu'elle a repéré.

Je connais le concept mais je n'étais jamais allée dans ce genre d'endroit. C'est sympa et ça aurait été encore plus chouette si l'accueil avait était moins froid et piquant. 

Nous apprendrons par Aurélien que certains commerçants n'apprécient guère les pèlerins. Ben oui, le pèlerin se ramène avec ses chaussures crades, pose son gros sac n'importe où et ce n'est pas lui qui va t'acheter ce bel ouvrage illustré format A4 ! Les curistes sont bien plus rentables...

Bref, heureusement le chocolat chaud était très bon. 

Il nous reste du temps pour flâner dans les rues de Lectoure avant l'heure du repas. Nous prolongeons notre moment de détente, qu'est-ce que ça fait du bien après toutes les épreuves endurées ces derniers jours ! 

Nous entrons dans l'église, bien évidemment ! Un homme du diocèse nous accueille, tamponne la crédenciale et nous invite à remplir le livre d'or. 

Un peu plus loin, nous tombons sur un lieu atypique : le village des brocanteurs. Un site, visiblement un ancien château, qui rassemble plus de 30 exposants permanents.

Le paradis des chineurs ! On y trouve de tout et sans doute de belles pièces de collection. La manière dont les exposants s'approprient les lieux est vraiment sympa !

Si vous passez un jour par Lectoure, cet endroit vaut le détour. J'espère juste ne pas avoir un coup de cœur... mon sac est suffisamment lourd ! 

Un dernier petit tour par les remparts avec une vue imprenable sur la pleine géroise avant de regagner le Pas'Sage où Aurélien nous attend pour manger. 

Nous retrouvons Arlette et Marc et faisons la connaissance de Maëlle, Sylvain et Stéphanie. Le repas est délicieux, totalement végétarien et super copieux ! Tout ce que j'aime. Notre hôte ne lésine pas sur la marchandise ! 

En guise de dessert, nous avons droit à des crêpes avec du chocolat fondu... 😋

L'ambiance est cool, on a l'impression de connaitre Aurélien depuis toujours. Pas de chichi, pas de superflu. C'est simple mais tellement convivial... j'adore. Et puis j'aime bien sa maison encastrée dans une petite ruelle de Lectoure. Rustique, authentique...

Nous dormirons dans une chambre avec Arlette et Maëlle.

Jour 8 : les pieds dans la boue

On quitte le Pas'Sage avec un bisou pour Aurélien. Ma mère veut faire des bisous et des câlins à tout le monde, je ne la reconnais plus ! 😳

J'ai vraiment apprécié son accueil chaleureux, en toute simplicité.

Nous partons en quête d'un commerce pour nous réapprovisionner en alimentation. La supérette que j'avais repérée est fermée. Je me rabats sur un marchant de fruits et légumes mais le commerçant n'est pas très avenant et nous prend de haut. Ça ne donne vraiment pas envie d'acheter.... encore un qui n'aime pas les pèlerins ? 🙄

Heureusement, c'est assez rare, la plupart des commerçants sont bienveillants, aux petits soins. 

On recroise Charles, il a rendez-vous pour un massage. C'est sans doute la dernière fois que nous le voyons puisqu'il va prendre du retard sur nous... Sacré Charles, je me souviendrai de lui ! 

Il a beaucoup plu cette nuit... et qui dit pluie, dit boue ! Mais cette fois, je ne me ferais pas avoir. Je retire mes sandales et mes pieds profitent d'un bon bain de boue ! 😎

Et on ne se moque pas de mon bronzage... merci ! 

Pieds sales... mais sandales propres !

Fort heureusement, il y a petit ruisseau qui longe le chemin, ce qui me permet de me laver les pieds avant de ré-enfiler mes sandales toutes propres !

Elle n'est pas belle la vie ? 😁

C'est l'heure de manger. J'ai repéré une auberge à Marsolan qui fait restaurant, relai de poste et petite épicerie. Youpi ! On y retrouve nos copines espagnoles et on leur fait part de notre difficulté à trouver une épicerie ce matin...

Ni une ni deux, elles nous offrent un sandwich de crudités et un demi-fromage, bien contente de se débarrasser de leurs restes ! 🙏🏼

On se ravitaille en bananes & autres bricoles et on se prend un bon jus de fruits maison pour se rafraichir car il fait encore super chaud aujourd'hui. 

Visiblement l'odeur de pipi de chat nous suit toujours... 🙄

Un petit tour dans l'église, bien sûr ! La statue de Ste Germaine est particulièrement belle... Ce doit être une figure locale parce que l'avons rencontrée à plusieurs reprises.

Perdue dans mes pensées, je me dis qu'on ne risque plus de rencontrer de personnes connues, tout le monde ayant pris de l'avance sur nous, excepté Charles et les espagnoles. À présent, nous ne verrons plus que de nouvelles têtes.

Quoique... il pourrait y avoir Diana, la fille rencontrée au Par'Chemin... Oui, il serait tout à fait possible qu'on la revoie ! 

Une dizaine de minutes s'écoulent et que vois-je ?! Diana ! Elle est en compagnie de Reine et de Marguerite. Nous ferons également la connaissance de Christian, un Suisse parti de Zurich à pied ! 

Cette petite chapelle nichée au cœur de la forêt ferait un excellent bivouac mais il est encore trop tôt pour se poser.

Nous nous dirigeons vers La Romieu et passons devant un très beau jardin botanique. Il va bientôt fermer ses portes, il est trop tard pour le visiter. C'est dommage ! On peut néanmoins admirer quelques arbres à l'extérieur, des essences que nous ne connaissons pas. 

Nous traversons le parc de La Romieu où s'érige une étrange tour rouge... Intriguée, je grimpe les marches. L'étage est composé de quatre sortes d'alcoves avec une planche et des portes coulissantes pour plus d'intimité.

Des abris pour les pèlerins ou les SDF !  

Le concept est super même si on doit se sentir un peu à l'étroit à l'intérieur. On hésite à rester ici car il n'y a pas d'eau pour nous laver de la boue et j'ai vraiment besoin d'une douche ce soir.

Finalement, nous irons au camping. Mais avant cela, nous passons acheter des pruneaux (nous sommes pas loin d'Agen !) et du chocolat à la petite l'épicerie du village et tombons une fois de plus sur une odieuse commerçante.

Une personne âgée devant nous a dû s'y prendre par deux fois pour faire son code à la machine CB. S'impatientant, la femme a osé lui dire "vous savez que dès que la machine est en route, c'est 28 centimes d'euro la minute !" (je ne suis plus sûre du montant exact...). J'étais scotchée ! 😳

Je veux bien que les gens soit fatigués, en ai marre de leur boulot, des touristes, des pèlerins ou de je ne sais quoi... m'enfin, est-ce une raison d'être aussi désagréable ?!

Ma mère qui arrive toujours à décrocher un sourire aux personnes même les plus fermées, et bien pas moyen de la dérider celle-là ! 😅

Après un bref passage au camping pour y déposer nos affaires, il nous reste une petite demi-heure pour visiter la magnifique collégiale de La Romieu, traverser le cloître et grimper dans les tours. 

Une expo assez marrante trône dans l'une des tours. Ils ont de l'humour à La Romieu !

De retour au camping, on s'offre une belle barquette de frite pour accompagner les radis et les tomates cerises. Elles sont super bonnes, ce qui est de plus en plus rare. 

Une nouvelle journée qui s'achève... 

Jour 9 : Les chats de La Romieu

Nous quittons le camping et retournons au coeur de La Romieu pour faire tamponner la crédenciale. J'aime bien ce nom, "La Romieu", c'est rigolo je trouve. À l'origine, le romieu désignait le pèlerin qui se rendait à Rome. Petit à petit, ce terme a été utilisé pour d'autres pèlerinages tels que celui de Saint-Jacques. 

Vers l'an Mil, un pèlerin allemand, à son retour de Rome, érigeât en ce lieu son ermitage. Les paysans du voisinage, attirés par le saint homme finirent par se regrouper en cet endroit qui pris le nom de Larroumieu, "là où vit le pèlerin".

Un détail m'interpelle, je n'y avais pas prêté attention la veille mais... il y a des chats partout !!! À toutes les fenêtres ou façades de maison, il y a des chats ! En pierre, en bois, en céramique... Pourquoi cette dévotion envers ces mini fauves ? 🤔

À quelques pas de l'office de tourisme, je tombe sur... un buste de chat en pierre ! 😳

Connaissez-vous cette célèbre phrase qui dit qu'un jour, les chats domineront le monde ? Bon et bien... je pense que nous y sommes. 😰

Je découvre que la Romieu est aussi appelé "le village des chats". La légende dit qu'il y avait une petite fille prénommée Angéline qui aimait beaucoup les chats. Il y en avait toujours autour d'elle. Et puis il y eut une grosse famine dans le village et les habitants décidèrent de manger les chats... 😱

Les parents d'Angéline sachant combien elle aimait ces petites bêtes poilues acceptèrent qu'elle garde un chat et une chatte à condition de bien les cacher. Ce qu'elle fit.

Les temps se firent meilleurs avant qu'une autre catastrophe s'abatte sur les lieux. Dépourvu de chats, le village fut envahi par les rats qui menaçaient les récoltes. Pendant ce temps, les chats d'Angéline avait eu plusieurs portées. La fillette annonça alors qu'elle allait lâcher une vingtaine de chatons et c'est ainsi qu'elle sauva le village de La Romieu ! 

Nous poursuivons notre chemin. Je ne suis pas très en forme aujourd'hui ni moralement, ni physiquement. J'arrive dans la période critique de mon cycle et comme chaque mois, mon énergie est en dent de scie, mes frustrations et blessures profondes refont surfaces.  

Bref, en cet instant j'ai envie de tout envoyer balader... 

Et puis nous arrivons à la chapelle Ste-Germaine, un magnifique endroit arboré avec tout ce qu'il faut pour bivouaquer (y compris des toilettes sèches 😎). Il est beaucoup trop tôt pour nous d'établir le campement, m'enfin je vous donne le tuyau si vous passez par là !

Ces quelques lignes sur l'écriteau me redonnent le sourire : 

"Un lieu poétique et magnétique qui aimante et ressource, apaise, sur le chemin qui rallie les étapes sacrées. Pour quelles bonnes raisons sont-elles bénéfiques ? Vibrations naturelles ou bonnes ondes que déposent, passage après recueillement, les visiteurs qui pérégrinent ? Combien auront été ici, tiré de leur extase rêveuse ? Cette énergie positive qui porte jusqu'à la fin des terres d'Europe, nous est relayée par la patronne des bergers, qui panse les souffrances de ceux qui ne peuvent que progresser, au moins dans cette nouvelle contrée qui les reçoit (...)."

Cette petite église est tellement apaisante... Il s'y dégage une belle et douce énergie. Et la guirlande au sol apporte une touche de chaleur et de lumière. Ça tombe à point, j'en avais bien besoin ! 

Nous longeons un lac, je pense que là aussi il y a moyen de se faire un bon bivouac ou à défaut une petite sieste ! 

Nous prenons la direction de Condom. Petite ville de plus de 6 000 habitants, on espère bien trouver de quoi se ravitailler convenablement cette fois ! 

Arrivées sur les lieux, je cherche une épicerie, juste une petite épicerie ! Et bien, devinez-quoi ? Rien ! On nous indique les supermarchés en périphérie mais il n'y a plus rien au centre... si ce n'est qu'une épicerie fine avec des produits de luxe qui ne nous viendrait pas à l'idée d'acheter en tant que pèlerin !

Cela me met en colère de voir toutes ces petites villes perdre leurs épiceries de proximité au profit des grandes surfaces... Comment font les personnes âgées qui ne peuvent plus trop se déplacer ? Une fois de plus, elles perdent leur autonomie. 

Bref, je suis énervée. Je n'ai même pas envie d'entrer dans l'abbatiale ni discuter avec les personnes du diocèse qui attendent pour tamponner la crédenciale. Je zappe. 

J'ai VRAIMENT besoin de me poser. Nous cherchons un salon de thé, il me faut un chocolat chaud tout de suite maintenant, immédiatement ! 

J'en repère un mais à l'entrée il y a une pancarte totalement absurde qui prône la tolérance envers les personnes différentes (étrangères, homo, LGBTQ blablabla...) mais c'est tellement exagéré, mal tourné et moralisateur que ça fait l'effet inverse sur moi. Ça me met en boule. 🤣

Next ! On va bien finir par trouver quelque chose d'attirant, bordel de merde !

Comme tu peux le voir, je suis très très très très énervée. Le syndrome prémenstruel chez moi, ce n'est vraiment pas de tout repos. J'ai beau en avoir conscience, je suis incapable de me contrôler.

Bref, on se dirige vers le suivant sans grandes convictions. Je n'en peux tellement plus que je capitule... Allez, arrêtons-nous au premier venu et basta ! Nous demandons à la patronne si elle sert encore des pâtisseries à cette-heure-ci et si on peut boire un chocolat chaud.

Et la gentille madame nous répond qu'il n'y a aucun souci ! Sauf qu'ici, c'est un salon de thé vegan et que les chocolats chauds sont faits avec du lait d'avoine.

Hein ? Quoi ? Qu'ai-je entendu ? Chocolat chaud au lait d'avoine ???!!! Oh mon Dieu... je suis tombée sur le Graal 🤩🤩🤩 Si j'avais été plus extravertie, je lui aurais sauté au cou ! 

Non seulement tout est absolument léger et délicieux mais en plus la nana est super sympa ! On discute, on rigole... elle me donne le petit secret de son délicieux chocolat chaud. Bref, je suis remontée à bloc 😎

Gratitude 🙏🏼

Je trouve Condom plus sympa tout d'un coup, même s'il manque une épicerie ! Mais je n'ai toujours pas envie d'entrer dans l'abbatiale, j'ai pas envie de socialiser avec les gens du diocèse, je tiens à quitter les lieux sur une note positive !

La couleur de l'eau boueuse démontre à quel point il a plu ces derniers jours... 

Je repars le cœur léger et le ventre pas trop plein. C'est tellement plus digeste les desserts et chocolat chaud sans lait de vache ! 

Nous quittons le chemin pour aller jusqu'à Larressingle là où nous dormirons ce soir. Nous avons réservé un gîte qui accueille les tentes. 

La route est longue, on a hâte d'arriver ! On passe rapidement dans Larressingle, petit village fortifié qui vaut le détour ! Nous n'avons pas le temps de nous y attarder car nos hôtes nous attendent mais ça donne envie d'y revenir. 

À la Halte de la Larressingle, nous sommes accueillies par Patrice et Isabelle. L'endroit est magnifique et le jardin offre une vue imprenable sur la pleine. Qu'est-ce que c'est reposant... Accueil convivial en toute simplicité, on se sent de suite à l'aise. 

Nous retrouvons Diana, Stéphanie et Sylvain le couple rencontré au Pas'Sage, un groupe d'allemands déjà croisé en chemin mais avec qui nous n'avons pas pu échanger (barrière de la langue) et nous faisons la connaissance de Mélodie et Charlotte.

Nous passons une chouette soirée à la table de nos hôtes en compagnie des autres pèlerins, sans oublier le chien et les 3 chats du voisin.

La première réaction de ma mère en voyant les félins fut de demander s'il était des mâles ou des femelles, propres, castrés... bref, visiblement elle est traumatisée. 😅

Cette fois, on n'oubliera pas de fermer la tente ! 😇

Notre tente retrouve une autre de ses soeurs, pas une jumelle... disons une petite soeur ! 

Le ciel est dégagé ce soir et avec Diana, on se dit que ce serait sympa de retirer la toile de la tente, ne laissant que la moustiquaire, pour admirer les étoiles... 

Jour 10 : De Montréal au Mille Bornes

Bon... l'idée de retirer la toile fut moyennement bonne. Certes, le spectacle était sympa mais c'est sans oublier la rosée du matin. Notre tente est trempée de l'intérieur comme de l'extérieur et toute nos affaires sont humides.

Patrice le sentait venir... mais il n'a rien osé dire. Après tout, il faut bien laisser les pèlerins faire leur propre expérience ! 😅

Nous quittons Laressingle pour rejoindre notre GR et retrouvons Reine au moment de passer le pont d'Artigues, inscrit au Patrimoine de l'Unesco, qui permet de franchir la rivière Osse. 
Mon kiff du moment, c'est de manger du pain et du chocolat. Le plus simple des en-cas ! Et grâce à cela, j'arrive à me passer de fromage.
Note chemin nous amène à Montréal du Gers avec un lotissement de maison en bois qui rappelle le Quebec, est-ce volontaire ? Sans doute ! 
Comme le hasard fait bien les choses, nous rencontrons... un couple de Québecois ! On avait entendu parler d'eux mais on ne les avais encore jamais rencontrés ! Et bien c'est chose faite et à Montréal en plus !
Ce petit village est plutôt sympa. On y trouve une épicerie (youpi !!!) mais aussi des petits magasins avec des produits locaux. Dans l'un d'entre eux, on y trouve des plats en petite portion pour les pèlerins comme des parts de melon, des petites barquettes de taboulé fait maison ou encore des oeufs durs vendus au détail. 

On fait une pause pique-nique avant de reprendre la route.

Nos hôtes de la veille nous ont annoncé un concert de Jazz manouche ce soir au gîte du Mille Bornes. Il sera sans doute complet à cause de l’événement mais Patrice nous a assuré qu'on pouvait sans souci poser la tente à proximité. 

Nous sommes à 8 bornes du Mille Bornes. 

5 bornes...

Nous arrivons à notre lieu de villégiature à Lamothe, un endroit bien sympa d'ailleurs ! Il y a tout sur place : les toilettes sèches, la table et les bancs, un grand jeu de l'oie et un robinet !
On retrouve les copines et le copain : Diana, Mélodie, Charlotte, Reine, Marguerite, Patrice, Isabelle, Marie... trop cool !

On prend le repas aux Mille Bornes, histoire de leur faire gagner un peu d'argent vu qu'on ne campe pas chez eux... mais qu'on squatte pour le concert ! 
On quitte les lieux avant la fin du concert pour visiter les parages. Besoin de calme, besoin de me recharger... C'est tout petit, c'est un hameau mais il y a quelques trucs insolites qui attirent mon attention. 

Des étranges colonnes avec une pierre au milieu... un lieu de sacrifice ? Mon imagination s'emballe. Et cette vieille bicoque avec la tour, on dirait qu'elle est hantée ! 😱

J'ai appris plus tard que les colonnes n'étaient autres que des vestiges d'un pigeonnier. 

Notre lieu de bivouac est super sympa et sécurisant. D'autant que les campeurs du Milles Bornes dorment à proximité.

Jour 11 : lever matinal

Nous quittons Lamothe à 7h du matin ! Wahou pour une fois que nous sommes opérationnelles de bonne heure ! Mais nous sommes loin d'être les seules à être matinales, des marcheurs sont déjà en route alors que n'avons pas encore replié la tente ! Quels courageux ! 

Ce matin il fait frais, il y a de la brume. Profitons-en avant que le soleil ne pointe le bout de son nez !

Nous suivons l'ancienne voie ferrée sur 8kms environ. Le chemin est très facile, tout plat et boisé ce qui nous permet de marcher d'un pas assuré et rejoindre la ville d'Éauze à l'ouverture des magasins.

Il y a un peu de brume... c'est joli !

Je repère une grande surface à l'entrée d'Éauze. Le magasin n'est pas encore ouvert. Les clients s'agglutinent à l'entrée, chariot en main... attendant bien sagement l'ouverture des portes. Dans quelques minutes ils vont se ruer aux portiques... créant un embouteillage avant de disparaitre dans les rayons...

Cette scène me laisse perplexe. Comment a-t-on pu en arriver là ? J'ai de plus en plus de mal à aller dans les grandes surfaces, ces lieux impersonnels où s'amassent une tonne de nourriture dont les 90% sont transformés, dénaturés... 

Quand ça fait 10 jours que tu chemines, 10 jours que tu vis hors du temps, hors de la civilisation, que tu traverses des petits bleds paumés... tu te prends de sacrées claques lorsque tu arrives en ville. 

À notre tour de franchir les portes et de nous évanouir dans les rayons... 

Il est à peine 9h30 et il fait déjà méga chaud ! On a bien fait de marcher le plus possible ce matin à la fraîche.

Nous cherchons de quoi nous poser au centre d'Éauze. Cette fois, je veux un vrai petit-déjeuner ! 😋

L'église avec ses murs en pierres apparentes dégage une très belle énergie. Je m'y recharge avant de reprendre le chemin. 

En sortant, nous retrouvons Diana, Mélodie et Charlotte, trois nanas qui cheminent toutes seules à la base mais qui visiblement, sont devenues inséparables ! 😀 Elles s'arrêtent pour prendre un petit-déjeuner.

Mais pour nous, c'est l'heure de repartir.

Malgré l'écrin de verdure, nous souffrons de la chaleur. L'année prochaine, nous espérons nous réorganiser autrement afin de réussir à partir plus tôt. Si le matin, ça reste encore agréable, l'après-midi est difficile avec un pic vers 16h au moment où nous parcourons nos derniers kms... 

Toujours ces petits mots sur le chemin qui font vibrer mon cœur et me donne le courage de continuer... ❤

Arrivées à Manciet, on s'écroule de fatigue sous la chaleur écrasante... On trouve un beau petit coin de se poser, près de deux pèlerines qui comme nous ont préféré la fraicheur de l'herbe plutôt que les bancs. 

C'est marrant, tous les arbres sont reliés entre eux comme s'ils donnaient la main formant une ronde, au dessus de nos têtes. 😄

Les arènes de Le Manciet, typiques de la région de l'Armagnac et des Landes.

Allez, encore un dernier effort pour rejoindre le relais du Haget, notre gîte de ce soir qui n'est autre qu'une ferme équestre. 

Ma mère n'en peut plus. Moi non plus d'ailleurs. Et puis comme chaque soir, le temps se gâte.

Nous sommes accueillies par Stéphanie qui est semble bien embêtée. Le département vient d'être placé en vigilance orange pour la nuit concernant l'orage, elle cherche un endroit "sûr" où poser la tente.  

On finit par la planter à l'ombre près d'un arbre en lui promettant de nous mettre à l'abri dans les bâtiments communs si le tonnerre s'approche. 

Le domaine est très joli. Il y a la ferme bien sûr, les chevaux, une piscine... et une cabane dans les arbres ouverte à la location. Il y a chiens, chats... et une poule qui vient m'aider à dresser la tente !  Enfin c'est ce que je croyais mais on dirait qu'elle a plutôt envie de picorer l'enveloppe des piquets...
À peine avons-nous fini de monter la tente que l'orage arrive et avec lui, le vent et la pluie. Nous nous réfugions dans la cuisine commune et attendant patiemment. Je suis hyper méga stressée, je n'arrive pas à apaiser cette horrible phobie de l'orage...

Soudain, débarquent les gens du camping-car voisin. Ils sont partis la soirée en oubliant de refermer la fenêtre de leur véhicule ! Ils demandent s'ils peuvent se réfugier dans ces lieux pour manger. 

La maîtresse de maison arrivent et nous propose de dormir dans la grange en rénovation. Il y a tout un côté qui n'est fermé que par des bâches mais au moins, nous seront à l'abri et en sécurité !

Sans hésitation, je prends mes cliques et mes claques et part m'installer entre ces mûrs de pierre en priant pour que la tente soit encore vivante demain à notre réveil...

Jour 12 : dernière nuit en gîte...

La tente a survécu. Il a beaucoup plu cette nuit. Nous quittons le Haget par la route, plutôt que le chemin, redoutant la boue...

Et puis, on espère arriver à Nogaro avant midi pour faire un ravitaillement. Il est dimanche, les commerces ne sont ouverts que le matin et nombreux d'entre eux ferment également le lundi.

Finalement, je ne sais pas si c'était une bonne idée de longer la route ! C'est super dangereux et les voitures roulent comme des dingues ! 6 kms de stress ! Je pousse un ouf en rattrapant le GR juste avant Nogaro.

Nous passons au Carrefour Market, je me serais bien fait une mono de pastèque moi... Je suis sûre de pouvoir en mettre une dans mon sac, à condition de virer les 3/4 de mes affaires... 😅

J'abandonne l'idée... 

Finalement, je me rabat sur un chocolat chaud avec une tranche de pain et du fromage !! Oui, du fromage ! C'est bientôt la fin de notre périple, je ne crains plus de déclencher mes symptômes allergiques. 

On traverse brièvement Nogaro, c'est pas terrible comme ville.... Par contre, l'église est super sympa. Une jolie musique nous accompagne et les jeux de lumière créent une douce ambiance feutrée. 

À la sortie de Nogaro, nous empruntons une fois de plus la route. C'est long et très peu agréable. Et en plus, nous n'avons rencontré aucun pèlerin depuis hier ! Seules au monde...

Heureusement, une belle surprise nous attend à Lanne-Soubiran : un agréable lieu de pause avec des boissons et des gourmandises à déguster. Comme si je n'avais pas assez mangé ! 😅

Il y a des boissons chaudes, des boissons froides, des morceaux de gâteaux faits maison (sans doute les restes du petit-déjeuner du gîte), des barres de céréales et des bonbons à la menthe. Il y a même une prise pour recharger mon téléphone ! Le tout bien l'abri et en total donativo !

Mille mercis 🙏🏼   

La petite église de Lanne-Soubiran est toute mignonne et d'un style différent de celles qu'on a croisées jusqu'à présent. 

Ce soir, nous irons dormir chez Helen au gîte Belardine à Ablade-le-Bas. Pour y accéder on se détourne du chemin sur plusieurs kms. J'ai eu du mal à trouver un gîte sur cette portion et je voulais trouver un endroit où nous puissions dormir en chambre individuelle pour plus de confort. J'en ai besoin. 

Après avoir conversé avec 3 drôles de personnages muets, nous arrivons au Belardine, une charmante maison de pierres, ancienne ferme viticole rénovée dans un esprit écologique. J'aime beaucoup. 

Helen a repris les lieux récemment et apprend à vivre avec les pèlerins. Ce n'est pas toujours facile, nous confie-t-elle, de recevoir chaque jour des inconnus dans sa maison. 

Aujourd'hui, Helen est fatiguée et espère secrètement qu'il n'y ait personne d'autre à accueillir ce soir. Et lorsqu'on lui apprend que nous avons ce qu'il faut pour manger et que nous ne prenons pas de petit-déjeuner demain matin, elle pousse un soupir de soulagement ! Et on en rigole toutes les trois ! 😁

Puisque nous sommes seules ce soir, elle nous donne la meilleure chambre avec une salle de bain et des belles toilettes sèches. 

J'ai adoré ce gîte, sa touche écolo est inspirante pour moi qui rêverait d’aménager voire construire une maison dans cet état d'esprit. Dommage que nous n'ayons pas pu profiter de la terrasse et du jardin à cause de la pluie. 

Jour 13 : visite guidée par l'archange

Nous quittons Helen qui s'en va travailler après avoir profité d'une heure de sommeil en plus grâce à notre jeûne intermittent matinal. 😅

Et pour s'excuser de son accueil "médiocre" (moi j'ai trouvé ça drôle et super cool !), elle nous fait payer la chambre en donativo ! 

Nous sommes à 9kms d'Aire-sur-l'Adour, notre point d'arrivée. Ce sera donc une petite matinée de marche sous la pluie et le vent qui transforme ma mère en grosse meringue noire. 

Nous rencontrons notre première pèlerine : une écrevisse. D'après ce que j'ai compris, elle fête se liberté en cheminant vers Compostelle après avoir réussi à s'échapper d'un aquarium ! 🦞

Nous arrivons à Barcelon(n)e (le mec qui a fait la pancarte devrait réviser son orthographe). Je ne me suis même pas aperçue qu'on avait passé la frontière... 😲

J'ai rarement vu un lavoir aussi grand et aussi beau ! Nous poursuivons notre chemin jusque chez Bruno qui a ouvert un gîte depuis peu et accueille les pèlerins de passage dans son jardin pour une petite pause.

Nous nous y arrêtons pour prendre une boisson chaude et papoter un peu. Des échanges très intéressants, j'aime sa philosophie de vie.

Ses paroles rejoignent celles d'Helen, tenir un gîte est chronophage, surtout lorsqu'on est seul. Pour autant, il aime ce qu'il fait !

Je garde son adresse dans un petit coin de ma tête, il est fort possible que nous y reviendrons l'année prochaine lorsque nous reprendrons le chemin à Aire-sur-l'Adour. 

Et voilà. Nous arrivons à destination. Ça fait bizarre de se dire que c'est terminé... et puis nous n'avons toujours pas rencontré de pèlerins... ils nous manquent déjà ! ☹️

Un jeune en voiture ralentit à notre hauteur et nous souhaite "un buen camino", merci mon gars mais c'est fini là... 😭

Nous allons nous renseigner sur l'heure des bus car il est prévu de rejoindre Mont-de-Marsan où nous sommes attendues ! 

Petite pause déjeuner, nous finissons les restes, histoire d'alléger les sacs ! Il reste suffisamment de temps pour faire un petit tour de la ville. 

Ah enfin un pèlerin ! Mais il n'est pas très bavard, il préfère contempler la halle aux grains. 

Nous montons rapidement sur les hauteurs de la ville pour admirer la Basilique Ste-Quitterie, patronne de la Gascogne.

Un ouvrier sur un chantier nous accoste avec un grand sourire et nous demande si on cherche un endroit pour dormir. Ce à quoi on réponds que non, notre chemin s'arrête aujourd'hui. Nous avons parcouru 256 kms.

"Hein ? Vous avez marché tout ça depuis Cahors avec votre sac de 12kg ? Mais pourquoi  ? Il y a des bus !!!" 🤣🤣🤣

Faut croire que nous sommes un peu maso... 🤨

Nous nous apprêtons à reprendre le bus et sommes désolées ne pas avoir revu de têtes connues avant notre départ... Il y a bien sûr quelques pèlerins mais ils ne nous sont pas familiers.

Et puis, dans la petite ruelle qui rejoint notre arrêt, nous tombons sur Diana, Mélodie et Charlotte ! Wow ! 😁 À une minute près, on les ratait ! Comme on dit, il n'y a pas de hasard, seulement des RDV ! 

Diana est tellement heureuse de nous revoir qu'elle réclame un câlin ! Nous nous souhaitons bonne route avant de nous quitter... 🙏🏼

Nous prenons le bus jusqu'à Mont-de-Marsan en passant par Grenade. Mais où est l'Alhambra ? 🤔

Décidément, on fait de sacrés détours sur ce chemin !

Mont-de-Marsan est à une trentaine de kms, c'est là-bas que nous reprendrons le train demain matin à l'aube.

J'aurais aimé pouvoir prendre deux jours pour faire notre "fisterra" mais des impératifs nous attendent.

Nous arrivons enfin à Mont-de-Marsan où nous attend l'Archange... ou plutôt Mickaël, un ami facebook que je ne connais que virtuellement depuis pas loin de 7 ou 8 ans, rencontré à l'époque de Profits 25 (coucous les copains de Profit 25 😬). 

Mickaël se fait un plaisir de nous faire visiter sa ville avec ses petits coins préférés. C'est agréable de se laisser porter... Ce sera notre mini "fisterra" ! 😃

Une très belle rencontre !

Mickaël nous aurait bien invité dans son SPA (si tu veux y jeter un oeil c'est par ici : Odysséa SPA) mais aujourd'hui c'est fermé ! Dommage !

Il aurait aimé aussi nous faire découvrir des spécialités sucrées de sa région mais les meilleures boulangeries étaient elles aussi fermées... raahhhh ben oui c'est lundi !

Nous avons malgré tout passé un bon moment à arpenter les rue de Mont-de-Marsan.

Pour clôturer cette belle journée, nous allons manger au restaurant indien sur les conseils de Mickaël. C'est tellement bon et copieux qu'en ressortant, j'ai cru que mon ventre allait exploser ! Ah ah ! 

Dodo dans un charmant hôtel rustique mais très spacieuse, confortable et fonctionnelle ! Tout ce que j'aime ! 😃

Jour 14 : le retour...

Nous quittons l'hôtel de très bonne heure pour prendre le train en direction de Bordeaux. J'aurais bien aimé acheter quelques spécialités sucrées recommandées par Mickaël avant de partir mais nous n'avons pas le temps de faire un détour et en plus, il pleut !

Nous arrivons en gare de Bordeaux avec une petite heure de pause. Impossible de se balader, il pleut des cordes ! Cela dit, j'ai repéré une petite boulangerie artisanale juste en face de la gare où ils font du pain et des gâteaux avec des différentes farines.

Leurs cookies sont absolument divins ! Je n'en ai jamais mangés d'aussi bons et satisfaisants ! Le pain aussi était très bon, dommage qu'il était trop tôt pour avoir un sandwich. Cette boulangerie s'appelle le Fournil de Belcier. 

Arrivées à Paris, nous rejoignons la gare de l'Est en métro cette fois !  

De la gare de l'Est, nous allons jusqu'à la gare Meuse TGV où nous attend un bus pour rejoindre Bar-le-Duc. 

Chaque fois, ça fait bizarre de faire les derniers mètres qui séparent la gare de notre appartement... 

Au coin de notre rue, une dame nous accoste pour nous féliciter. Pour quelques minutes encore, nous sommes toujours pèlerines... J'aime cette sensation

Le mot de la fin... 

Ce chemin a été le plus fort, le plus initiatique des trois. Cette année, je voulais faire un pas en avant en allant dans les gîtes, ce qui était source d'appréhension les autres années. Je ne me sentais pas à l'aise.

Mais j'ai tellement changé en deux ans... grâce au chemin, au travail sur moi (blessures de rejet, d'abandon....), la période Covid aussi qui m'a fait rencontrer de nombreuses personnes avec les mêmes valeurs que les miennes. Tout ça fait que j'ai grandement évolué. 

Il me restait plus qu'à le vérifier en osant franchir la porte des gîtes ! Et dès la première soirée chez Marie-Noëlle et Jean-François, je me suis sentis rapidement à l'aise, comme chez moi grâce à l'écoute et la bienveillance de nos hôtes. J'ai fait l'expérience de ce qu'est le sentiment d'être en sécurité.

Au Soleilou, c'est comme si je pouvais enfin me dire "tu es en sécurité, tu peux te laisser aller, rien ne peut t'arriver..."

Et wahou ! Quelle sensation... 

Toutes mes expériences en gites ont été de ce style et m'ont vraiment fait du bien mais malgré cela, ça reste quelque chose de fatiguant pour moi à cause des impératifs et interactions sociales. Je ne pourrais pas le faire tous les jours. C'est pourquoi j'aime alterner les gites avec du bivouac ou du camping afin de recharger mes batteries. Je ne me ressource que dans la tranquillité et dans la solitude...

C'est sur ces derniers mots que je vous quitte. On se retrouve l'année prochaine pour le dernier tronçon français avant l'Espagne ! 🇪🇸

Vous avez été une fois de plus nombreux à suivre mes stories sur Instagram et je vous remercie pour tous vos messages et encouragements. 

Pour celles et ceux qui seraient tentés par l'aventure, je n'ai que deux mots à vous dire : lancez-vous ! 😁 Vous ne le regretterez pas ! Allez-y, même avec vos peurs. Ces peurs, dites-vous que la plupart des pèlerins ont les mêmes et vous trouverez toujours quelqu'un avec qui les partager ou et vous rassurer. 😉

About the Author

Semeuse de graines de bien-être !

  • Gerard dit :

    Très beau carnet de voyage ….qui donne envie !
    J’attends la suite avec impatience !

    • Philosophine dit :

      Coucou tonton !

      La suite l’année prochaine ! Après, on aimerait bien aussi faire le chemin de Saint-Guilhem, ça doit être super chouette ! 😀

  • Flo dit :

    J’ai dévoré ce récit! J’étais partie avec vous!
    Je partage ton ressenti sur beaucoup de choses, ( Je souhaite me tourner vers l’essentiel, la nature, les belles rencontres, me centrer sur l’essentiel.
    Bravo pour ce beau parcours!

    • Philosophine dit :

      Merci Flo ! Je suis heureuse d’avoir retranscrit au mieux mes ressentis de cette aventure ! J’espère secrètement donner envie à mes lectures de partir aussi… mais chut, faut pas le dire ! Hi hi

  • Patricia dit :

    Merci pour ce beau voyage à travers toi. Et bravo pour ton avancement !